– Que se passe-t-il ? S’inquiète un coiffeur, en voyant pénétrer dans sa boutique un homme avec les cheveux dans un état épouvantable : des mèches partant dans tous les sens, des échelles, des endroits entièrement rasés… Ma parole, vous étiez dans le coup de l’attaque de la diligence ?
– Ne m’en parlez pas, gémit le malheureux, d’un air accablé. C’est ma femme qui a voulu faire des économies. Hier soir, elle me dit : « Assieds-toi, chéri. Prends un magazine. Bouquine tranquillement, je vais te couper les cheveux comme ils l’ont expliqué à la radio. ». Bon bougre, j’obéis. Je me plonge dans Paris Match. Pendant ce temps-là, ma femme coupait, taillait, tondait… Je ne me méfiais pas du tout. Jusqu’au moment où, sans arrêter de manœuvrer ses instruments, elle m’a dit : « Ne tourne pas la page, chéri. Je n’ai pas tout à fait fini de lire cet article. »