C’est une histoire de vin. C’est un grand oenologue qui est descendu dans le Bordelais pour goûter un petit vin de propriétaire, le Château Château, et il se régale :
– La couleur est belle ! Oui, bel ensoleillement. C’est un vin qui a de la jupe. Je vais goûter ! Ssssslurp… Hummm… Reureureu… Aaaah, il attaque sèchement le palais, il est un peu râpeux ! On l’a bien en bouche. Mouis, il n’y a pas à dire, c’est un très très bon cru: je vous mettrai dix-huit sur vingt !
Pas peu fier, le propriétaire lui dit :
– Je vous remercie ! Tenez, prenez-en quelques caisses. Et puis restez déjeuner !
– Non, non, je n’ai pas fini ma tournée, il faut que j’aille inspecter la vigne de votre voisin !
L’oenologue se rend donc chez le voisin…
– Eh, monsieur l’œnologue ! Content de vous vouér ! Depuis l’matin, je goûte mon pinard pour vérifier. Je suis sûr qu’il vous plaira.
– Voyons voir ça !
– De toute façon, il n’y a point d’raison qu’il soit mauvais. Parce que tout de même, j’ai les mêmes ceps, la même terre et la même orientation que le voisin de chez qui vous venez !
– Ssssslurp… Hummm… Reureureu… Aaaah non, non ! Oh non ! Ce qu’il est acide ! Alors là, mon vieux, je vous mets quatre sur vingt ! Ça ne vaut pas plus !
– Ben quoi ? A lui vous lui mettez dix-huit sur vingt, et à moi seulement quatre sur vingt alors que c’est le même ensoleillement, le même sucre et le même coteau ! C’est dégueulasse !
– Je vais vous expliquer une chose. Vous êtes marié ?
– Bah pour sûr, que ch’ suis marié !
– Alors ce soir, quand vous serez au lit avec votre dame, vous lui mettrez un doigt devant, un autre doigt derrière, vous goûterez et vous verrez la différence : ça n’a pas le même goût et pourtant ils sont voisins !